Coopération Sécuritaire

Répression en manifestations – Guinée (novembre 2019)

Le 14 novembre 2019, le FNDC organise l’acte IV de la contestation contre un éventuel troisième mandat du Président Alpha CONDÉ. Contrairement aux précédentes marches, le FNDC souhaite modifier l’itinéraire du rassemblement à Conakry, soucieux de la sécurité de ses marcheurs. Le rassemblement commence au niveau du rond-point de l’aéroport Fidel CASTRO et se termine au Palais du peuple, lieu prévu pour un meeting organisé par le FNDC. Le défilé est alors organisé sur une autoroute, du fait de l’absence d’habitations aux alentours et afin d’éviter tout risque de suffocation des participants en raison de l’usage de gaz lacrymogènes par les FDS. Malgré les précautions prises par les organisateurs, des violences ont « éclaté sur le trajet de la marche » et se sont ensuite étendues à plusieurs quartiers. Comme l’explique le journal français Libération, « après une heure de marche, la foule est repoussée par des jets d’eau chaude, des gaz lacrymogènes et des tirs de sommation ». Plusieurs personnes sont blessées, comme le relève France 24. D’autres sont arrêtées, en particulier à Conakry et à Kindia, dont le coordinateur régional de l’antenne du FNDC-Kindia. Au moins cinq jeunes sont tués peu de temps après la fin du rassemblement dans les communes de Ratoma et de Matoto : 1) Alpha Souleymane DIALLO, 16 ans. Il serait mort abattu par deux balles tirées par un policier à Gbéssia, le 14 novembre 2019, lors des heurts entre policiers et manifestants, survenus après que ces derniers aient souhaité modifier l’itinéraire fixé par les autorités. Il aurait reçu deux balles à la poitrine après la dispersion de la marche par les FDS. Il a été transporté à l’hôpital Jean Paul II de Taouvyah et a ensuite été transféré à l’hôpital sino-guinéen de Kipé. Dans une vidéo publiée par Guinée Matin, le frère aîné de la victime affirme qu’Alpha Souleymane se trouvait en marge des manifestations lorsque des policiers lui ont tiré dessus. D’après son témoignage, le mineur a été pris dans des affrontements après son retour de la manifestation. En fuyant ces affrontements, il a fait face à des policiers qui lui ont tiré deux balles dans la poitrine. 2) Abdourahmane DIALLO, 19 ans. Il serait décédé le 14 novembre 2019 des suites d’une blessure par balle consécutive à un tir d’un membre des FDS à Kaloma. Un voisin de la famille du défunt explique à Guinée Matin que des FDS ont ouvert le feu en passant dans la commune de Ratoma. C’est à ce moment-là qu’Abdourahmane DIALLO a reçu une balle. Le jeune a été admis dans une clinique située à Bomboli, puis a été transféré au centre médico-légal de Ratoma pour finalement être évacué au CHU Ignace Deen. C’est lors de ce dernier transfert qu’il est décédé. 3) Amadou Oury BARRY, 32 ans. Il serait décédé le 14 novembre 2019, après avoir reçu une balle dans la tête suite à des tirs des FDS dans le quartier de Koloma. Les parents et amis d’Amadou Oury expliquent à Guinée Matin que la victime a été blessée par balle alors qu’il se trouvait dans une boutique à Koloma. Conduit dans une clinique située à Bomboli, Amadou Oury a finalement été transféré à l’hôpital sino-guinéen de Kipé, où il est décédé. Son décès a été confirmé par une source médicale. 4) Abdoul Aziz BARRY, 17 ans. Il aurait été touché par balle tirée par des membres des FDS à Hamdallaye, dans la commune de Ratoma, le 14 novembre 2019. Il est décédé le 20 novembre 2019. Selon un de ses proches, qui s’est confié au journal en ligne Verite224.com, Abdoul Aziz BARRY a reçu une balle dans le dos le 14 novembre après la dispersion de la marche du FNDC, dans le quartier de Lavage, proche du quartier général de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG). 5) Mamadou Mouctar DIALLO, 19 ans. Il serait décédé le 15 novembre des suites d’une blessure par balle causée par les FDS le 14 novembre 2019, vers 8h30 et à proximité de la station Nana Telico, alors qu’il revenait du lycée Elhadj Baïlo. Le père du défunt, joint par Guinée Matin, indique que son fils aîné est décédé à l’hôpital sino-guinéen de Kipé, où il avait été emmené et placé en soins intensifs. 6) Amadou SOW, 22 ans, Il aurait été grièvement blessé après avoir été battu par des gendarmes, le 14 novembre 2019. Ce jour-là, jour de manifestation du FNDC, il avait ouvert son commerce, situé près de la route Le Prince. L’oncle de la victime explique les circonstances de décès de son neveu aux équipes de TLP-Guinée : « Alors qu’Amadou était dans sa boutique, des gendarmes qui pourchassaient les manifestants sont venus le trouver. Lorsque les gendarmes ont commencé à lancer des gaz lacrymogènes, c’était la confusion. Il a fermé sa boutique pour tenter de fuir. Les gendarmes l’ont rattrapé en brousse, hors de la ville. Ils l’ont sauvagement passé à tabac et l’ont laissé agonisant sur place. Toute la journée, ses proches se sont mis à sa recherche, en vain. Ce n’est que le lendemain qu’il l’ont retrouvé là où il avait été abandonné par les gendarmes. Il n’a pas pu bouger à cause de ses blessures, mais il était encore vivant ». Ses parents l’ont alors transporté dans un centre de santé pour y recevoir des soins intensifs. Le jeune homme est décédé le 20 novembre 2019, soit six jours après son agression.
Pays: Guinée
Date de l'évenement: 14 novembre 2019
Nature de l'événement: Répression de manifestation / Tir(s) à balles réelles sur manifestant(s)
Unité impliquée: Guinée - Forces de sécurité
Matériel utilisé (si identifié): Arme à feu
Nombre de morts: Au moins 6
Victime(s): Alpha Souleymane DIALLO, Abdourahmane DIALLO, Amadou Oury BARRY, Abdoul Aziz BARRY, Mamadou Mouctar DIALLO, Amadou Sow

QUI SOMMES NOUS ?

Tournons La Page (TLP) est un mouvement citoyen international, regroupant près de 250 organisations, qui mène et relaie des actions pour promouvoir l’alternance démocratique en Afrique.

Sur le terrain, nos coalitions mènent des actions pacifiques et non partisanes pour contribuer à l’avenir démocratique de leurs pays.

LE PROJET

Tournons La Page (TLP) mène des actions de plaidoyer de manière transversale et collaborative.

Analyser le pilier sécuritaire des autocraties en Afrique est le cœur de ce projet et de ce site internet.

Il vise à analyser les liens entre coopération sécuritaire internationale,répression et maintien de régimes autoritaires en Afrique.

Enfin, il souhaite répondre à un besoin de transparence et d’accessibilité sur ces sujets souvent complexes.

CONTACTEZ-NOUS

contact@tournonslapage.org

SUIVEZ-NOUS