Coopération Sécuritaire

Répression en manifestation – Guinée (novembre 2019)

Le 4 novembre 2019, le FNDC appelle à une marche funèbre « afin d’accompagner les victimes de la répression sanglante des manifestations des 14, 15 et 16 octobre à leur dernière demeure ». Alors que plusieurs milliers de personnes suivent le cortège dans le calme au départ de la morgue de l’hôpital sino-guinéen de Conakry, les FDS dispersent la foule à l’aide de gaz lacrymogènes et de canons à eau au niveau du rond-point de Bambeto. Certains manifestants répliquent en jetant des projectiles sur les FDS. D’autres parviennent à entrer dans la mosquée afin de procéder au rituel funéraire religieux. A la fin de la cérémonie, ceux-ci accompagnent les cercueils des défunts à l’extérieur. Toutefois, à l’arrivée du cortège au cimetière de Bambeto et lors de l’inhumation des corps, les FDS s’en prennent de nouveau aux manifestants à l’aide de gaz lacrymogènes. Certains membres des forces de l’ordre procèdent même à la confiscation des cercueils afin d’empêcher les défunts d’être enterrés. Ce jour-là, plusieurs témoins racontent que les FDS ont tiré sur des passants. Selon France 24, qui a recueilli les propos du Docteur Seny FOFANA, au moins sept individus ont été blessées, « dont quatre [touchés] par balles ». Quatre autres personnes sont tuées à proximité de la mosquée : 1) Mohamed SYLLA, 15 ans. Il habitait à Wanindara Château. Il aurait été tué d’une balle dans la tête le 4 novembre 2019 tirée par les FDS. Sa mère raconte qu’il est décédé alors qu’il jouait au football avec ses amis : « Mohamed Sylla est mon sixième et dernier enfant (…), on passait la journée ensemble jusqu’à ce qu’il me dise qu’il [allait] faire la sieste dans sa chambre qui se trouve derrière le grand bâtiment. C’est après qu’il est allé [faire] une partie de football en compagnie de ses amis. Lorsqu’ils sont arrivés au niveau de Wanindara marché, ils ont rencontré les forces de l’ordre [de retour de l’enterrement] qui ont ouvert le feu sur eux. C’est dans [ces] circonstances que mon fils a trouvé la mort. Apeurés, ses amis sont venus nous dire qu’il a trouvé la mort à la suite d’une balle qui l’a atteint [à] la tête ». Le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile guinéen a reconnu le décès de Mohamed SYLLA. 2) Abdoul Rahim DIALLO, 18 ans. Il aurait été tué par balle le 4 novembre 2019 à Conakry tirée par les FDS. Le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile guinéen a reconnu le décès d’Abdou Rahim DIALLO. S’il a présenté ses condoléances aux familles et appelé à ouvrir une enquête, il n’a pas expliqué les conditions dans lesquelles Mohamed SYLLA et Abdou Rahim DIALLO ont été tués. À ce jour, aucun responsable n’a été poursuivi. 3) Mamadou Chérif BAH, 16 ans, Il aurait été tué à Bomboli, le 4 novembre 2019, par les FDS. Celles-ci auraient ouvert le feu alors qu’il se trouvait sur le chemin du retour de l’école Africof de Koloma, où il s’était rendu pour son inscription. Son neveu explique les circonstances de son décès à un journaliste de Guinée Matin : « C’est au retour de cette école que l’agent qui portait une tenue de camouflage a sorti [sa] kalachnikov et a tiré sur lui au niveau de sa poitrine. [...] Je suis venu aux nouvelles, on m’a dit qu’il a été admis pour un premier temps chez Dr BISSIRIOU. Quand je suis allé là-bas, Dr BISSIRIOU m’a dit qu’il a été transféré à l’hôpital Ignace Deen par la Croix Rouge. Et à 19 heures, on nous a appelé pour nous informer qu’il [avait] rendu l’âme ». 4) Alimou BAH, 21 ans. Il serait mort le 12 novembre 2019 des suites de l’inhalation de gaz lacrymogènes le 4 novembre au cours d’une charge des FDS contre le cortège funéraire. En revenant sur les circonstances du décès de son fils, son père raconte que celui-ci a été pris de vomissements avant de mourir dans la nuit du 12 novembre : « Mon fils prenait part aux obsèques des jeunes tués lors des premières manifestations d’octobre dernier. Mais, comme vous le savez, à l’arrivée du cortège funèbre à Bambeto, il y a eu des échauffourées […]. C’est ainsi que des gendarmes et des policiers ont pourchassé certains jeunes, dont mon enfant. Ce dernier est allé se réfugier dans un couloir. C’est là que les forces de l’ordre ont lancé une grande quantité de gaz sur lui alors qu’il était coincé. Ne pouvant pas sortir, il a inhalé beaucoup de gaz et est finalement tombé sur place […]. Après, quand il a retrouvé ses esprits, il est venu à la maison. Dès qu’il est arrivé à la maison, il est tombé. C’est ainsi que mon jeune frère l’a [emmené] dans une clinique à côté. Le médecin l’a [vu] et nous a dit qu’il n’a [rien] détecté […]. Mais, à son retour de l’hôpital, il a commencé à vomir. Il est resté alité […] mais, malheureusement, il est décédé vers 22 heures ».
Pays: Guinée
Date de l'évenement: 4 novembre 2019
Nature de l'événement: Répression de manifestation / Tir(s) à balles réelles sur manifestant(s)
Unité impliquée: Guinée - Forces de sécurité
Matériel utilisé (si identifié): Arme à feu, gaz lacrymogène
Nombre de morts: 4
Victime(s): Mohamed SYLLA, Abdoul Rahim DIALLO, Mamadou Chérif BAH, Alimou BAH

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